La Pierre & la plume - Kesaco ?

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mercredi 5 avril 2017

À l'origine du monde,


À l'origine du monde, il y avait des cailloux. Grossiers et diformes, êttes salent et informes, sans plus de sens que n'a cette phrase, poussières et minuscules fragments formèrent bientôt éclats de vie et éclats de roche. Pouvait-on présager quelque chose de bon dans ses conditions ? En orbite perpétuel autour de l'astre lumineux, Pierre naquit pourtant. Il était un homme issus de la Terre, sur laquelle il vécu tous les jours, enfant, sans trop de préoccupations. Mais il grandit, et dû subir l'existence... Était-il prêt ? Y a t-il seulement un bon moment ? Non hélas ! Pierre, déchu de son innocence, ridiculement couvert d'une feuille de figuier, faible comme sable épongé par la vague : terre et pierres se moeuvent, s'atèrent, se meurent, se perdent.
Plus tard, car il faut bien que le temps passe, la terre se remit à tourner, comme la Vie de Pierre. Ce dernier s'assoupli, s'aplani alors, comme une feuille, attendrit, alégé de sa douleur par la brise bleu des jours paisibles, des terrasses ensoleillées, au fil des beignades heureuses, glacées et nuageuses d'écume. Une fois devenu feuille, l'Homme put écrire sur sa page le saint premier mot d'"amour" : nous étions au temps prospère de la planète, temps où la piété recouvrait le monde d'un voil engourdissant. À l'apogée de sa jeunesse, Pierre rencontra une femme : Une femme belle et grâcieuse, souple et délicate; cette femme sinsaire et forte qu'un dieu semblait avoir déciné pour lui. Elle s'appelait Plume.
Il l'aimait ! oh ! passionnément; cette feuille belle et délicieuse qui avait fait jahir en lui, flots langoureux et vagues sensuelles. Elle submergeait son corps de lave bouillonnante, lave de paragraphes, électrisé qu'il était par la vie que lui inspirait cet être, sur cette terre qu'ils avaient tous les deux à peupler. Elle avait soulevé en lui des volcans et des montagnes abruptes, éroïsé son monde. Elle l'avait élevé enfin.
Comment en était-il arrivé là ? Il fallut que Plume raconta son histoire au bout des doihts de Pierre, qu'ils s'allient, qu'une union révéla leur grandeur, au singulier. Si bel événement, de se confondre, de donner au monde la création, oeuvre d'art ou oeuvre de coeur, en deux corps qui n'en forment plus qu'un, avec esprit et formes qui s'accordent, qui allègent le minéral, rappellent les lettres sur Terre, donnent la littérature, au singulier.
Qu'est-ce que fut le fait de devenir plume ?
Devenir plume s'est quitter terre pour la brume
S'envoler, légère,
Fuire le monde qui nous embrume.
Devenir plume c'est devenir nos rêves
Quitter toutes les personnes qu'on aime
Mais qui ne nous laisse pas devenir nous-même.
Plume chatouille les narines
Nous fait éternuer,
Devenir soi n'est pas toujours facile,
Plume est là pour nous le rappeler.
Quitter le monde des formes juste un instant
Rentrer en soi dans un temps en suspent
L'introspection aide tant...
Temporairement.
Car les Hommes sont fait pour vivre ensemble
S'éloigner trop, se protéger trop
Nous empêcherait de voir la réalité
De voir plume courir au loin
Dans les champs
Se défaire d'une aile pour tomber dans ma main
Émerveillement aérien.
Plume tantôt sous mes doigts
Tantôt sur le papier
Vole et fourmille
Souffle le vent faste
Dans ses jupes à volant.
Le soleil apparaît.
C'est tout cela que nous fîmes
Moi et elle, nous, ensemble.
Elle me raconta sa vie,
Plumme ou l'Ecriture ratée
Voici ce que nous écrîmes
Ce qu'elle fut
Notre chemin tracé :
L'encre coule, le coeur en sang
Seule dans ma chambre
Aspect propret et médisant
Mensonger comme le temps
Cette pièce aux airs clean
Mais où la poussière se dicémine
Partout. Sous tous les meubles,
Sur chaque coin de bureau,
Tapis, elle croupit, m'observe,
S'étale sur quatre verres et demi
Me regarde de travers comme un échec.
Les larmes coulent, la feuille en sang
Lueur pastelle, ne reste que des cendres
Sur le papier.
Lettres s'embrouillent.
L'encre coule, les mots se perdent
Moi qui voulait l'aimer;
Éternellement.
Rupture violente comme la ceisure du vers précédent...
Quel échec !
 
 
 
 
 
 
 Le rêve m'avait trouvé,
Je l'aimait, oh combien !
Ce rêve qui aurait dû exister
Que je voulais faire vivre
Qui est mort maintenant.
Je voulais hanger le cours des choses, renaître.
Avoir le droit d'être, même femme, quand-m'aime.
Aujourd'hui mon stylo pleur de tristesse.
J'aurais voulu être comme quelques uns de ces auteurs intemporels
Qui ont donné leur âme en donnant leurs vers
Ceux qui voulaient révolutionner les lettres
Moi qui voulait révolutionner ma vie...
Et je tombe par-terre.
Poètes déçus et réprimés,
Tragédie lyrique ou romancées
L'encre coule mais je ne pleure plus
La page se tourne, malgré moi
Mon coeur se vide
La page s'empli
Je me dis que ça ira...

Ainsi Plume était.
Rêveuse mais si petite dans son univers
Que pouvait-elle écrire ?
Lui menquait-il un corps ?
Ce qui est certain c'est que la main de Pierre lui fut bien utile
Pour dépasser le rêve
Inachevé.
Et entrer dans la vie réelle
Concrétisée.
Écrire enfin de vrais textes,
Humanisés.
Elle n'eut besoin que d'un porteur pour se réaliser :

L'encre coule, ma plume s'envole
Dans une ébauche pâle ou folle
Une joie indicible quand la Plume se vide.

Légère, elle décine et crayonne
Flanne, fantasque elle virevolte
Fugasse ou furieuse,
Lente ou louvoyeuse
Plume s'amuse et je la saisit.
Ainsi nous sommes.
De nos corps éperdus
De nos âmes élevées
Minéralement substile, ainsi harmonisés
Il ne nous reste plus que nos vie à tracer.

Pierre et Plume s'aiment,
À deux, unit, complet,
Le ravin s'est applanit
Il n'y a plus à trembler.

Et voilà l'heure
Où roule sur la planne feuille
Les dernières lignes,
Si ce n'est d'une vie,
D'un chapitre au moins :

Pierre à Plume : 1er mai 1995

Toi l'écriture
Sur ma page tu murmure
Sur les murs de ma chambre
Tu gribouille, enfant
Qui sait encore s'étonner
De la pomme qui tombe,
Du ciel pastel.
Enfant éternelle
Corps vivant dans un esprit libre
Sencible et un peu magique
Dans la vie tu soulignes
Ce qu'il y a d'intensément humain
Comment ne pas t'aimer ?
Toi qui lie tous les seins
Toi qui sait dire tant de choses
Qui plus que dans les mots
Sait dire par tes silences
Les secrets d'une âme close.
Toi qui saisit tout
En dépis même de celui qui t'entraine
Toi qui éclaire tout
Les écrivains malgré eux tu révèles
Comment ne pas t'aimer ?
Toi qui éveille, seul fait intemporel
Sont les quelques écrits
D'enfants de la poésie...
Hors du temps, hors des heures
Sont les grands littérateurs
Laisse moi t'aimer un instant
Pour croire que comme eux
Homme et femme comme homme et page
On est éternel à deux.

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