La Pierre & la plume - Kesaco ?

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mardi 28 février 2017

CYBER poésie


Les prières des plumes
Les mots des poètes
Les sens des hasards 

Dix fois exprès

Il n'y a pas de retard
Pour les espoirs
Même après la mort
Si en peu d'écrits
La plume sur la prière.




Poète kabyle, Yacine Boudia s’engage pour la poésie contemporaine, lien entre les civilisations en même temps qu’affirmation d’identité. L’art de trouver le mot juste est un art majeur qui détermine les cultures, guide les actions citoyennes et ouvre une porte sur les philosophies humanistes.

 

 Pour en savoir plus, consultez : Facebook/YacineBoudia

lundi 20 février 2017

Petite fille en danger


Quand j'aurais mon bac l'année prochaine, je télésnoberai toutes les filles de ma classe !

Pour elles, je suis timide, calme, et elles se disent que quand on n'est comme ça, il n’y a rien à faire !
Elles me laissent de côté chaque fois que je cherche à progresser et avoir un bon avenir, car je rêve d’être avocate ou présidente un jour. Mais je sais bien, hélas...

Hélas !!! pour elles, je ne suis au lycée rien de plus qu’une décoration de chaises et de tables. Et cela depuis le début !

Alors je me réfugie dans mes pensées et je les télésnobe d'avance, pour rester forte dans le lycée.
Enfin, je suis bien obligée de les voir, même si à chaque fois, je sens ma te se transformer en une émoticône de rage et de colère.
Jamais je n’ai osé me plaindre aux professeurs de ce que mes camarades me faisaient vivre en me traitant de noms bizarres à chaque fois qu’elles le pouvaient.

Alors je me réfugie dans mon monde à moi, un monde où je peux choisir celle ou celui qui me côtoie, mais hélas, ce n’est qu’un rêve.
Un soir que je rentrais à la maison vers six heures et demie, j’ai croisé une femme. Elle m’a interpellée :
« Hey, tu es si triste que ça ?
- Non, ça va, lui ai-je répondu.
- Ma fille, dis-moi, qu’est-ce qu’on t’a fait ? Quand tu rentres comme ça, t’es ni triste, ni en colère ?
- Mais qu’est-ce que vous en savez, laissez-moi tranquille !

Puis j’ai voulu m’en aller en lui tournant le dos, parce que d’abord, je ne parle pas aux inconnues, mais elle m’a pris dans ses bras et a continué :
- Ma fille, tu dois être forte. Demain est un grand jour. Il faut que tu crois en toi-même et tu verras…
- Mais je ne peux pas, ai-je dit en me dégageant.
- Si, tu vas y arriver.

Sur ces mots, je me suis écartée d’elle et le temps que je me reprenne, elle avait disparu.

C’était vrai. À partir de cette rencontre, j’ai réussi à affronter mes peurs et j’ai commencé à prendre la parole et remballer mes camarades. À partir de ce jour-là, j’ai été moi-même.
N’empêche, quand j’aurai mon bac l’an prochain, je vais toutes les télésnober.

Deuxième Rendez-vous à la résidence


(PREMIER RENDEZ-VOUS





Sans toute la technologie embarquée –internet, portable et j’en passe, 

on se contente de ce qu’on a. Si l’on habite Pierre-Bénite, on profite bien du fleuve : d’un côté le port et ses bateaux de pêche ; de l’autre côté, la plage. Vers 1950, les abords du Rhône ne sont pas aménagés comme maintenant. Il y a de la verdure, des sentiers, des chemins de halage aussi, avec les chevaux pour tirer les bateaux qui remontent le fleuve, et des plages de galets clairs et lisses. On bronze, on nage, on s’amuse à jeter des cailloux. On ne se jette pas la pierre, on fait des ricochets, une activité répandue sur les rives du Rhône qui, à force de rouler et de polir ses cailloux, les rend particulièrement propices au rebond. Il faut choisir un galet ovale, assez plat, régulier, qui tient bien en main. Tout est dans le geste ample et sûr. On lance au ras de l’eau en faisant un peu tourner sa pierre et on compte les rebonds éclaboussant la surface de l’eau : un… deux… trois, quatre et même cinq pour les plus habiles ou les plus chanceux . Et quand le soir, on se fait dévorer par les moustiques, ma foi, on humecte ses boutons avec sa salive et une fois à la maison, on se frictionne un peu au vinaigre blanc. C’est une belle époque, très liée avec la nature.


La Pierre de Pierre-Bénite était d’une autre taille. 

C’est elle qu’on expose aujourd’hui à côté de la mairie et qui a donné son nom à la ville. Les mariniers y attachaient leurs embarcations et les faisaient bénir pour qu’elles se tiennent bien dans les remous rhodaniens, à l’époque où le fleuve, sauvage et impétueux, n’était pas encore apprivoisé. Quand il a fallu trouver moyen de naviguer d’un seul coup du Lac Léman à la Méditerranée, on a construit le Canal de Jonage. D’ailleurs, la ville était encore toute jeune. C’est en 1869, sous Napoléon III, qu’on en a posé la première pierre justement, détachant un quartier entier d’Oullins qui commençait à prendre de l’ampleur. Le nom est venu tout naturellement, à partir du quartier. Remarquez tout de même son originalité. Pierre-Bénite est unique en France au contraire de Saint-Pierre qui apparaît dans de nombreuses contrées : Saint-Pierre de Chandieu, de Lapalu, de Rome, Saint-Pierre et Miquelon… Pourtant, on n’en parlait guère de la pierre. On avait bien d’autres choses en tête. Chacun vaquait à ses occupations, on passait beaucoup de temps dehors, à pied ou à vélo, c’est selon.



Mais enfin, notre gros caillou gris, poli par les flots n’est pas le seul exemple qu’on puisse trouver. 

Les jeunes filles rêvent souvent d’autres pierres, taillées, étincelantes, symboles de richesse et de pérennité. Elles les arborent fièrement au doigt, radieuses. Les bijoux parlent-ils de beauté, d’amours ou de fiançailles ? Messieurs, sachez qu’aux fleurs périssables, la femme que vous aimez préfèrera la bague bien plus durable, signe d’engagement. Puisque vous n’avez pas un cœur de pierre, laissez-vous tenter par la magie cristalline du monde minéral : rouges rubis, vertes émeraudes, Grenat de Perpignan à la transparence fascinante, saphirs roses, jaunes et bleus dans des tons surprenants. Et si vous craignez de vous ruiner, sachez Messieurs, que tout ce qui brille n’est pas de l’or. De splendides imitations rivalisent en éclat avec les gemmes traditionnelles. La boutique de pierres précieuses concurrence la bijouterie avec une fantaisie qu’on n’imagine pas. On dit même que les pierres ont des pouvoirs et influencent nos humeurs. L’ambre, c’est la sérénité sauf que certains caractères fonceurs sembleraient immunisés. Enfin, qui sait ? Sans les vibrations pacifiantes de cette pierre née de la Baltique, ç’aurait peut-être été encore pire ! Quoiqu’il en soit, ce moment magique du cadeau qu’on reçoit reste un souvenir impérissable et cher.


Fin du premier rendez-vous )

Pour vous le raconter, rien de tel que de vous embarquer dans notre histoire. 


Imaginez-vous au moment de monter à bord d’une immense embarcation telle que l’Hermès, une péniche touristique et lyonnaise de grande envergure. Et pour les marins d’eau douce, pas de risque de naufrage, oublions tout de suite le Titanic ! Sur l’Hermès, le doux roulis des vagues ne devient perceptible que lorsque l’on croise un autre bateau, mais ce n’est pas si fréquent que cela. Alors, laissons venir le crépuscule, et faisons d’une pierre deux coups : un repas gourmand et une belle croisière au milieu des lumières.

Les stations d’embarquement sont nombreuses : 

le long des quais du Rhône, à la Cité Internationale, dans le nouveau port de la Confluence ou près de la passerelle du Palais de Justice des vingt-quatre colonnes. Pendant que le personnel de bord, en uniforme bleu marine, s’affaire avec prestance au chargement et aux formalités d’appareillage, les bateaux touristiques, à l’amarrage, attendent sagement pour un tour ou pour une destination lointaine, vers le Danube ou la Méditerranée. Pendant que certaines péniches traversent tranquillement les frontières, d’autres s’en tiennent à quelques parcours de découverte, de jour ou de nuit, avec ou sans escale, entre les Monts d’Or, Lyon et Pierrelattes.

S’il ne gèle pas à pierre fendre, 

on a envie de se laisser bercer doucement sur les flots, en paressant au soleil dans le calme et le silence de la navigation. C’est assez inexplicable, mais une fois que l’on passe la passerelle, enjambe quelques cordages éventuels – rien de bien méchant, rassurez-vous- on se retrouve dans un autre temps, celui de la lenteur et du loisir, libre et détendus. Les croisières d’une heure ou d’une journée ressourcent et détendent tellement qu’on les passe souvent à rire en conversant gaîment.

Les passagers se retrouvent devant le ponton d’embarquement

 accueillis par une charmante stewardesse tout sourire, prête à aider chacune et chacun à quitter le « plancher des vaches », comme on dit. Pour finir, les mariniers déroulent la corde qui retient le bateau au quai, larguent les amarres et l’aventure commence toujours en douceur, au fil de l’eau. A bord, on se délecte du confort : en cabine, sur le pont ou dans la salle de restaurant, tout est pensé, étudié, mesuré pour accueillir les passagers dans les meilleures conditions possibles. C’est une parenthèse, un jour de rêve volé au quotidien, l’occasion de lézarder et de deviser en laissant ses pensées dériver elles aussi. On s’imagine Capitaine ou moussaillon, c’est selon et on se demande ce qu’il se passerait si tout le monde pouvait passer son permis de naviguer et s’acheter son petit plaisancier. Il y aurait certainement des embouteillages ! Mais pour l’instant, les Lyonnais sont trop pressés pour y songer et c’est tant mieux. La navigation sert toujours beaucoup au fret et les touristes continuent d’avoir toute latitude pour descendre les fleuves du Nord au sud et remonter leur courant du sud au nord.
http://www.lyoncityboat.com/croisiere-restaurant-lyon/diner-romantique

Ce pourrait être la route du paradis.

 Tout serait parfait s’il n’y avait ce passage sombre, oppressant, qu’on redoute mais auquel on ne peut échapper : l’écluse. C’est au sud de Pierre-Bénite qu’on a construit un barrage sur le Rhône. A hauteur de Feyzin, le bateau est stoppé par le grand portail du barrage. De lourdes portes se referment derrière lui, presque sans bruit compte-tenu des tonnes d’eau qui se déversent à chaque seconde. Une fois l’embarcation prisonnière, on actionne la pompe. Les murs, noirs, humides, lardés de pieux rouillés, se mettent à monter. Le soleil s’éloigne et le bateau plonge. Il ne coule pas, non, il reste au niveau de l’eau qui s’écoule de l’autre côté, vers le sud. Enfin, les portes d’en bas s’ouvrent à leur tour et la croisière reprend son cours, au soulagement général. Les plus optimistes se rassurent : « Mais voyons, il n’y a pas de risques ! » Ce n’est pas sans raison que l’on peut craindre une panne du mécanisme. Comment sortir alors, quand l’esquif est serré entre deux hautes murailles ? Et que faire si l’immense portail qui contient l’incroyable pression du fleuve qui va à la mer, venait à se fissurer puis se rompre ? De telles idées provoquent l’impatience du retour. Joie de partir et joie de revenir : les voyages en bateau sont toujours gagnants ! En revenant sur la terre ferme, on garde en souvenir le dépliant qui dessine le trajet et ses escales et la carte des menus, pour se souvenir de son copieux repas. Selon la saison, les talents et les goûts du cuisinier, on peut y découvrir des entrées traditionnelles :


La célèbre Salade lyonnaise, avec ses gésiers de volaille, ses lardons, ses croûtons, son œuf poché.


Le fameux Gâteau de foie de volaille, avec ses quenelles et sa sauce tomate.


La Friture croustillante, aux éperlans plongés dans l’huile et qu’on mange avec les doigts.

On enchaîne avec des plats gourmands :


Gratin dauphinois & rosbeef au four


Ballotins de haricots verts & rôti de veau


Après une pause fromage –plateau ou petit faisselle, de somptueux desserts :


Moelleux au chocolat, crème anglaise & glace à la vanille ;


Tarte à la praline


Crème renversée & crème brûlée


Œufs au lait

Après qu’on a débarrassé la table, le repas dure encore, le temps d’un « petit noir ». On digère, on rêve, on laisse couler la vie, on pose les premières pierres des châteaux en Espagne.



Et la prochaine fois ?


  1. Émotions : liste d’intensité

  2. Le plus

  3. Les plumes dans tout ça ? 

  4. Trouvons un titre.












Pierrot le Fou

Il fut un temps où la pierre, le caillou et l'eau du lac étaient tout. 


Un temps où les lances de guerriers entraînaient une écume de magie. Peut-être était-ce la dame à la licorne, ou bien la fée Morgane. Une touche de Merlin, un soupçon de magie.

Aussi simple que ceci, aussi compliqué que cela. 

Rien de plus, rien de moins. 

Un peu de tout, seulement de ça. 

 
extrait du film Pierrot le Fou

Une rivière de pensées vagabondes menant droit où l'on veut, menant nulle part.

Pour moi, comme pour chacun, tout ricoche tel un écho de rêve. 

Un brin de fantaisie dans cet univers bien morose.
Cette once de folie, dans tout ce sérieux.

Alors, dans tout cela, qui est le fou ? Est-ce vous, ou est-ce moi ?

mardi 14 février 2017

Premier Rendez-vous à la Résidence


Une histoire SENIOR composée par l’atelier du jeudi


Pour les ressources iconographiques, Numelyo, une banque de la Bibliothèque municipale de Lyon est extraordinaire !


Résidence Marcelle Domenech à Pierre-Bénite


Mme B.

Mme C.

Mme D.

Mme D

Mme

Mallory




Autrefois, puisque l’on n’avait pas toute la technologie actuelle, 

on se contentait de ce qu’on avait. Si l’ on habitait Pierre-Bénite, on profitait bien du fleuve : d’un côté le port et ses bateaux de pêche , de l’autre côté, la plage. Les abords du Rhône n’étaient pas aménagés comme maintenant. Il y avait de la verdure, des sentiers, des chemins de halage aussi, avec les chevaux pour tirer les bateaux qui remontaient le fleuve, et des étendues de galets clairs et lisses. On bronzait, on nageait, on s’amusait à jeter des cailloux. On ne se jetait pas la pierre, on faisait des ricochets. Il faut choisir un galet ovale, assez plat, régulier qui tient bien en main, et tout est dans le geste ample et sûr. On lance au ras de l’eau en faisant un peu tourner son caillou et on compte les rebonds : un, deux, trois, quatre et même cinq pour les plus habiles ou les plus chanceux . Et quand le soir, on se fait dévorer par les moustiques, ma foi, on humecte ses boutons avec sa salive et une fois à la maison, on se frictionne un peu au vinaigre blanc. C’était une belle époque.



La Pierre de Pierre-Bénite, celle qu’on expose aujourd’hui à côté de la mairie,

 a donné son nom à la ville. Les mariniers y attachaient leurs embarcations et les faisaient bénir pour qu’elles se tiennent bien dans les remous rhodaniens, à l’époque où le fleuve, sauvage et impétueux, n’était pas encore apprivoisé. Quand il a fallu trouver moyen de naviguer d’un seul coup du Lac Léman à la Méditerranée, on a construit le Canal de Jonage. D’ailleurs, la ville était encore toute jeune. C’est en 1869, sous Napoléon III, qu’on en a posé la première pierre justement, détachant un quartier entier d’Oullins qui commençait à prendre de l’ampleur. Le nom est venu tout naturellement, à partir du quartier. Remarquez tout de même son originalité. Pierre-Bénite est unique en France au contraire de Saint-Pierre qui apparaît dans de nombreuses contrées : Saint-Pierre de Chandieu, de Lapalu, de Rome, Saint-Pierre et Miquelon… Pourtant, on n’en parlait guère de la pierre. On avait bien d’autres choses en tête. Chacun vaquait à ses occupations, on passait beaucoup de temps dehors, à pied ou à vélo, c’est selon.

Mais enfin, notre gros caillou gris, 

poli par les flots n’est pas le seul exemple qu’on puisse trouver. Les jeunes filles rêvent souvent d’autres pierres, taillées, étincelantes, symboles de richesse et de pérennité. Elles les arborent fièrement au doigt, heureuses de leurs amours ou de leurs fiançailles. Rouges rubis, vertes émeraudes, blancs diamants : le choix du bijou conte l’histoire de leur amour. Tout ce qui brille n’est pas de l’or. Cependant, ce moment magique du cadeau qu’on reçoit reste un souvenir impérissable et cher.


Pour vous le raconter, rien de tel que de vous embarquer dans notre histoire. 

Imaginez-vous au moment de monter à bord d’une immense embarcation telle que l’Hermès, une péniche touristique et lyonnaise de grande envergure. Et pour les marins d’eau douce, pas de risque de naufrage, oublions tout de suite le Titanic ! Sur l’Hermès, le doux roulis des vagues ne devient perceptible que lorsque l’on croise un autre bateau, mais ce n’est pas si fréquent que cela. Alors, laissons venir le crépuscule, et faisons d’une pierre deux coups : un repas gourmand et une belle croisière au milieu des lumières.



Pour le second RENDEZ-VOUS



  1. Se préparer

  2. Monter à bord

  3. Choisir sa place

  4. La carte ou le menu ?

  5. La conversation



vendredi 3 février 2017

Vendredi, jour de Vénus, déesse de la Beauté !


Ce conte philosophique la Pierre et la plume est un vrai cadeau du vendredi, jour de Vénus, déesse de la Beauté !

 Laetitia Buczaczer, co-auteure dans l'écriture de livres tournés vers l'Asie (Sri Lanka, Inde, Singapour), écrit des œuvres qui ont trait au bouddhisme ainsi que des romans. Elle nous adresse une nouvelle inspirante.





Une pierre était triste. Elle se trouvait sur un chemin de montagnes dans les Himalayas, un chemin emprunté par d'innombrables randonneurs sans pitié pour ces petits minéraux sur le sol. Cette petite pierre était piétinée, envoyée à droite à gauche, écrasée, sans même un regard de compassion. Tout le monde a posé son pied dessus. Inondée par les pluies, brûlée par les rayons du soleil, en hiver, elle grelottait de froid enfouie sous la neige. La pierre ne pouvait pas rouler d'elle même pour se cacher dans un coin afin d'y trouver un peu de repos et de paix. Un jour, elle se réveilla, troublée, elle vit une plume posée à ses côtés.

- Bonjour, lui dit la pierre. Comment se fait-il que tu sois là ?
- Eh bien, j'étais dans la poche d'un écrivain, j'étais sans cesse entre ses doigts. Je n'avais aucun repos. Je devais être prête à tout moment à me lancer dans de longues écritures à la force de sa main. Il plongeait ma tête brutalement dans l'encrier et me frottait sans délicatesse contre le papier. Oh ma pauvre tête ! Elle me faisait tant de mal. Ça me faisait tellement peur que je n'en dormais plus. Hier soir il marchait sur cette route. Soudain, son pied se heurta contre toi la pierre. Puis il se baissa pour regarder son pied qui avait commencé à saigner. Quand il se pencha dans l'obscurité, il ne remarqua pas que je tombais de sa poche. Après un moment, il se redressa et reprit son chemin mais.. sans moi.

- Je tiens à te remercier, tu m'as aidé sans le savoir à m'échapper de ce calvaire d'entre ses mains. C'est parce que tu étais sur son chemin, son pied a frappé contre toi, il s'est blessé, et me voici libre aujourd'hui. Je veux rester là avec toi pour le reste de ma vie.

- Mais tu ne peux pas, lui dit la pierre. Tu es si belle, si soyeuse. Un jour quelqu'un te verra et te ramassera. Il te mettra dans sa poche et t’emmènera avec lui. Et si cette personne a le goût de l'écriture elle t'utilisera encore et encore. Ou bien la personne qui te prendra te trouvera tellement douce et brillante qu'elle voudrait te donner en cadeau à quelqu'un.

Les jours passaient, la pierre et la plume étaient toujours ensemble remplissant leurs journées de longues discutions. Toutes deux échangèrent leurs problèmes, elles étaient très malheureuses.
Un jour une pluie diluvienne s'abattit sur les montagnes. Les marcheurs étaient donc plus soucieux de protéger leur tête de la pluie. Ils n'avaient pas le temps de regarder le sol. Et ainsi la plume s’est échappée aux regards curieux de tous les passants. Comme il y avait moins de gens sur la route, la pierre aussi a eu la chance de ne pas se faire trop piétiner. La nuit qui suivit, toutes deux ont très bien dormi en faisant étrangement le même rêve...

Dans ce rêve il y avait un vieux moine bouddhiste vêtu de sa longue robe couleur safran. Il marchait très lentement, les pieds nus. Une dizaine d'autres moines plus jeunes le suivaient au même rythme. Ils étaient en marche méditative. Ils posèrent doucement chaque pas sur le sol, l'un après l'autre, en prenant conscience des vibrations et des tensions des muscles que cela provoquaient dans le corps. D'un seul coup le moine qui était en tête s'arrêta. Il s'assied par terre, les jambes croisées en position du lotus tout près de la pierre et de la plume. Les autres moines se sont regroupés autour de lui pour s'installer aussi. Le vieux moine commença à parler mais au même moment son regard se posa sur la plume. Il la prit délicatement. Il la caressa pour lui ôter sa poussière, la leva en l'air du bout des doigts pour qu'elle soit visible par toute son audience.

- Aujourd'hui, je vais vous parler de cette plume, a-t-il dit.

La plume était heureuse de l’attention qu’elle recevait et regarda fièrement la pierre.

- Nous sommes nés avec une certaine mission et un but à poursuivre. C'est idem pour les objets
que nous utilisons. Regardez cette plume. Remarquez comme elle est belle. Elle brille au soleil. Bien que resplendissante soit-elle, son but est différent. Son but est d'écrire. Il serait donc erroné qu'une plume dise : Je ne veux pas écrire. Un jour, elle pourrait réaliser de grandes choses entre les mains d'un célèbre écrivain. C'est pareil pour nous. Nous aussi, nous naissons avec un but. Il est de notre devoir de tout entreprendre au meilleur de nos capacités. Quand je parle aux enfants, je leur dis d'aimer leur parents, d'être affectueux avec leurs petits camarades, d'être respectueux envers les enseignants. Faites tout ce que vous faites avec la joie au cœur.

C'est alors que les yeux du moine tombèrent sur la pierre. Il la prit et l'enveloppa dans ses mains.
- Je sais que tu souffres de la chaleur et du froid, que tu es ignorée et foulée par tant de pieds. Mais ne soit pas malheureuse. Un jour, quelque chose de très remarquable pourrait t'arriver.

Le temps s'écoula, la pierre et la plume sont séparées. Quelqu'un avait ramassé la plume et l'avait emporté. La pierre quant à elle avait été projetée par la pluie ou par le coup de pied d'un passant pour finir sa trajectoire au fond d'un ravin.

Après bien des années, quelque chose de très étrange se produit. La famille royale de la région des Himalayas invitait au sein de leur Palais les personnes les plus célèbres du pays. Ils devaient être honorés pour leurs grandes réalisations. La fête était en plein essor. La reine invita un écrivain de renommée à recevoir sa décoration. Alors que l'écrivain agenouillé en respect s'adressait à la reine, il lui montra fièrement une plume qu'il sortit minutieusement d'un mouchoir. Il lui dit : C'est ma plume, celle qui m'a aidé à devenir le grand écrivain que je suis. Maintenant je veux la présenter à Votre Majesté pour lui offrir.
De ce simple geste la reine fut comblée et la plume se retrouva placée au musée royal, exposée à la vue de tous les visiteurs comme étant la plume du plus grand écrivain du royaume.

Quand la plume ouvrit les yeux et regarda autour d'elle avec un certain orgueil, son regard tomba sur une pierre précieuse. Durant un moment, elles se regardèrent avec étonnement.

- Je crois vous avoir déjà vu ? dit la plume.
- Oh oui ! dit la pierre. On se connaît... Nous étions juste une humble pierre et une frêle plume, délaissées de tout regard, qui ont vécu côte à côte pendant un temps sur un chemin.
Un jour, un grand moine nous prit dans ses mains et fit deux prophéties à notre sujet, celles que nous serions toutes deux très grandes !

Les deux anciennes amies se sont reconnues avec une grande joie.  Elles étaient heureuses d'être à nouveau placées côte à côte, mais non plus au centre d'un chemin poussiéreux mais au centre même de la salle du musée Royal. Elles attirent les foules les plus admiratives.

- Parle moi de toi, demande la plume. 
- Mon histoire est surprenante. Une nuit il y eut une forte inondation le long du chemin. J'ai été emportée et je suis tombée dans le vide et me suis retrouvée dans un puits de pierres.

Un jour, les ouvriers qui étaient là pour transporter des pierres, m'ont ramassé et mis dans un panier. Ils m'ont lavé dans un ruisseau voisin. C'est alors qu'ils se sont rendus compte que j'étais probablement un saphir très précieux.  Ils m'ont emmené dans un laboratoire de gemmologie. J'ai été frottée, manipulée et polie de toutes parts et je suis ressortie de ce traitement avec cet habit bleu étincelant comme tu peux admirer aujourd'hui. J'ai ensuite trôné dans un magasin de bijoux mais pour peu de temps, car la reine est venue faire des achats dans ce magasin. Elle fut éblouie par ma beauté, par mon bleu profond. Elle m'acheta immédiatement et voulut m'exposer au sein de ce musée royal afin que tous ses sujets m'admirent.
Imagine toi, une pierre laide, sale, sombre, rugueuse comme moi devient soudainement le saphir le plus précieux du royaume.

La pierre et la plume restaient méditatives sur leur drôle de destin. A ce moment elles se sont remémorées mutuellement un des enseignements du vieux moine assis sur la route avec ses disciples dont elles avaient rêvé..
Il disait : il y a en chacun quelque chose de très précieux. Votre vie sera le processus par lequel ce qui est si précieux en vous commencera à briller. Votre c?ur est ce très précieux saphir royal que vous cachez en vous. Grâce à l'amour et la bonté que vous montrez aux autres, ce précieux joyau qui est à l'intérieur de vous sortira dans tout son éclat et révélera votre grandeur.

- Te rends-tu compte que nous, une pierre et une plume gisant sur le bord d’une route, sans aucune attention à notre égard, nous qui pensions n'être rien, sommes devenues, une fois dévêtues de nos apparences illusoires, les objets les plus admirés de tout le royaume.