La Pierre & la plume - Kesaco ?

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mardi 29 novembre 2016

Hommes de nulle part

Ce sont des hommes !
Ils sont là !          Ces étrangers
Qui fuient la guerre,
la peur, la faim    ou la mort !

Ce sont des hommes !
Il sont là !     Ces étrangers
    Attendant le bon vouloir
    De ces nobles parvenus
    Qu’ils daignent offrir un peu de pain
    Un regard de compassion
    Un geste d’humanité
        Mais non, l’étranger est rejeté
            comme on rejette l’inutile

Ce sont des hommes !
Ils sont là !             Ces étrangers
    Abandonnés sur le bord du chemin
    Oubliés de la mondialisation
    Dans l’enfer des guerres
    Et des armes qui les tuent
    Les armes du profit et des profiteurs !

Ce sont des hommes !
Ils sont là !                 Ces étrangers
    On a seulement oublié
    De leur tendre la main
    Offrir notre solidarité
    Peut- être même
    que notre propre dignité
    en serait réévaluée
    la dignité d’un être humain
Michel Bret
PAIX

Oh paix !
ivre ce chant naissant
que j’entends bras ouverts
résonne en moi dansant
vaste comme une mer

Écoutez nos yeux
vos cœurs n’ont plus d’oreilles
Entendez-le comme un cri
qui monte d’un long sommeil

La main sur le cœur
Vos paroles sont forteresses
planent en de fertiles ignorances
qui déversent son flambeau de puissance

Les voix ne sont qu’ordre
comme une mer glacée
avance à visage masqué
et offre son argent et la corde

Oh paix !
abaissez vos Yeux
à hauteur de notre coeur
ici bas les fleurs sont plus belles
et nos pensées ont des ailes

Vos anges fardés
aux couleurs d’apparat
et mains gantées
aux rimmels souillés

Oh paix ! Que reste-t-il ?
Les fruits meurent
quand les fleurs fanées
n’offrent que douleurs
ici gît des noms sur la pierre dorée

vos chapelet ne sont que bave
et pleurent larmes de sang
le sel des mots rouillés
accroche un mouchoir blanc
à ta bannière étoilée.

Michel Bret 
Vent du nord

Écoute ce chant
    d’un pays sans larme

Lambeaux d’hommes
Grimpant aux cordages
Achètent l’avenir
Comme on achète la mort
Ils voguent les yeux brillants
    Là-bas vers la lumière

Écoute ce chant
    d’un pays sans larme

Rien que des hommes
Femmes et enfants
Voguent d’une soif tremblante
Humble joie déracinée
Semant cailloux blancs
Sur les vagues errantes
    Un rêve dans chaque main

Écoute ce chant
    D’un pays sans larme

Ici on parque
Les morts vivants
Oiseau au silence
Et voix brisée
Où le sang aux murs
    Laisse indifférents

Écoute ce chant
    d’un pays sans larme

Fleurs d’homme
Et boucherie d’espérance
Ici on respire en se cachant
On a laissés là, femmes, enfants
Au bord du monde
Là où la conscience aveugle
                N’entend pas

Michel Bret 
Magicien en salopette

Le poète n’a qu’un désir

Etre langue de soleils
    dont tu es l’esprit
    en donnant aux mots
            des  couleurs

Habiter à l’extérieur de soi
    au bord des larmes
        dans l’arène des souffrances

j’ai choisi mon camp
    faire flamber une humanité
    et une dignité d’homme
Ce que portent les idées et les critiques :
    Au tribunal du peuple qui condamne :
        Les persécutions, les tortures, les morts.
Pour que renaisse
    le rouge prolétaire

Attention !
    Quand la langue du poète
        et clouée
            en croix
Et qu’on l’enferme !
        derrière des barreaux
    Ce sont les libertés qui sont en berne.

On a déjà brûlé les livres
        sur la place publique
    et mis en prison pour moins que rien

Si l’homme ne fermait pas les yeux
    il finirait par ne plus voir
            et comprendre !

Michel Bret 
Coeur de pierre

Le visage effacé contre ce mur froid
La voix si basse mais ses yeux crient
sa colère contre les pisses droits
sourds au malheurs de ce monde

Ne l’appelle pas martyr
Toi qui l’écrase
Ce sans terre et sans voix
Lui qui s’en remet à ton jugement
et    à ton coeur !

Toi qui fermes les yeux
quand il dort sur le trottoir
et cherche la nourriture
Dans les restes de tes festins !

Il y a ceux qui se disent humains
mais ne sont que noblesse puante
quand la richesse de leur esprit
n’a d’égal que la boue de leurs pensées

Ose reconnaître
que celui qui vient d’un autre pays
à l’intelligence d’une autre langue
ou de plusieurs langues

Il a traversé les mers
et peut-être connu la prison
et ne demande pas de pain
mais une place au soleil
Main tendue

Par delà     la mer
    que l’hirondelle
    ensemence ton chant
    et porte le bras tendu
    au delà de nos rives
    et fasse de nos mains
    une chaîne humaine

Par delà     tant de cimetières
    combien de visages mutilés
    de paroles arrachées
    dans le ciel de vos regards
Et brûlent
    les mots de vos lèvres
    enterrant cris et pleurs
    gomme l’errance et les déchirures
    au soleil de nos raisons

que le miroir de tes yeux
    incise une fenêtre ouverte
    et des mots à inventer
comme des épis à naître
    d’un autre monde.

Caresse ce lait d’humanité
        pour tous les enfants
            afin et les barrières ou barbelés
                        qui séparent ou divisent
Et que le temps
                        suspende son deuil
                                afin de dresser des ponts
                                        entre les rives

Michel Bret