Nous voici dans la dernière ligne droite.
Si d'aventure vous feuilletez cet ouvrage, faites-moi part de vos commentaires, en indiquant bien le numéro de la page concernée.
Vous participerez ainsi à sa bonne parution.
Au plaisir de vous lire,
Céline.
La Pierre & la plume - Kesaco ?
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dimanche 23 avril 2017
mercredi 5 avril 2017
À l'origine du monde,
À l'origine du monde, il y avait des cailloux. Grossiers et diformes, êttes salent et informes, sans plus de sens que n'a cette phrase, poussières et minuscules fragments formèrent bientôt éclats de vie et éclats de roche. Pouvait-on présager quelque chose de bon dans ses conditions ? En orbite perpétuel autour de l'astre lumineux, Pierre naquit pourtant. Il était un homme issus de la Terre, sur laquelle il vécu tous les jours, enfant, sans trop de préoccupations. Mais il grandit, et dû subir l'existence... Était-il prêt ? Y a t-il seulement un bon moment ? Non hélas ! Pierre, déchu de son innocence, ridiculement couvert d'une feuille de figuier, faible comme sable épongé par la vague : terre et pierres se moeuvent, s'atèrent, se meurent, se perdent. Plus tard, car il faut bien que le temps passe, la terre se remit à tourner, comme la Vie de Pierre. Ce dernier s'assoupli, s'aplani alors, comme une feuille, attendrit, alégé de sa douleur par la brise bleu des jours paisibles, des terrasses ensoleillées, au fil des beignades heureuses, glacées et nuageuses d'écume. Une fois devenu feuille, l'Homme put écrire sur sa page le saint premier mot d'"amour" : nous étions au temps prospère de la planète, temps où la piété recouvrait le monde d'un voil engourdissant. À l'apogée de sa jeunesse, Pierre rencontra une femme : Une femme belle et grâcieuse, souple et délicate; cette femme sinsaire et forte qu'un dieu semblait avoir déciné pour lui. Elle s'appelait Plume. Il l'aimait ! oh ! passionnément; cette feuille belle et délicieuse qui avait fait jahir en lui, flots langoureux et vagues sensuelles. Elle submergeait son corps de lave bouillonnante, lave de paragraphes, électrisé qu'il était par la vie que lui inspirait cet être, sur cette terre qu'ils avaient tous les deux à peupler. Elle avait soulevé en lui des volcans et des montagnes abruptes, éroïsé son monde. Elle l'avait élevé enfin. Comment en était-il arrivé là ? Il fallut que Plume raconta son histoire au bout des doihts de Pierre, qu'ils s'allient, qu'une union révéla leur grandeur, au singulier. Si bel événement, de se confondre, de donner au monde la création, oeuvre d'art ou oeuvre de coeur, en deux corps qui n'en forment plus qu'un, avec esprit et formes qui s'accordent, qui allègent le minéral, rappellent les lettres sur Terre, donnent la littérature, au singulier. Qu'est-ce que fut le fait de devenir plume ? Devenir plume s'est quitter terre pour la brume S'envoler, légère, Fuire le monde qui nous embrume. Devenir plume c'est devenir nos rêves Quitter toutes les personnes qu'on aime Mais qui ne nous laisse pas devenir nous-même. Plume chatouille les narines Nous fait éternuer, Devenir soi n'est pas toujours facile, Plume est là pour nous le rappeler. Quitter le monde des formes juste un instant Rentrer en soi dans un temps en suspent L'introspection aide tant... Temporairement. Car les Hommes sont fait pour vivre ensemble S'éloigner trop, se protéger trop Nous empêcherait de voir la réalité De voir plume courir au loin Dans les champs Se défaire d'une aile pour tomber dans ma main Émerveillement aérien. Plume tantôt sous mes doigts Tantôt sur le papier Vole et fourmille Souffle le vent faste Dans ses jupes à volant. Le soleil apparaît. C'est tout cela que nous fîmes Moi et elle, nous, ensemble. Elle me raconta sa vie, Plumme ou l'Ecriture ratée Voici ce que nous écrîmes Ce qu'elle fut Notre chemin tracé : L'encre coule, le coeur en sang Seule dans ma chambre Aspect propret et médisant Mensonger comme le temps Cette pièce aux airs clean Mais où la poussière se dicémine Partout. Sous tous les meubles, Sur chaque coin de bureau, Tapis, elle croupit, m'observe, S'étale sur quatre verres et demi Me regarde de travers comme un échec. Les larmes coulent, la feuille en sang Lueur pastelle, ne reste que des cendres Sur le papier. Lettres s'embrouillent. L'encre coule, les mots se perdent Moi qui voulait l'aimer; Éternellement. Rupture violente comme la ceisure du vers précédent... Quel échec !
Le rêve m'avait trouvé, Je l'aimait, oh combien ! Ce rêve qui aurait dû exister Que je voulais faire vivre Qui est mort maintenant. Je voulais hanger le cours des choses, renaître. Avoir le droit d'être, même femme, quand-m'aime. Aujourd'hui mon stylo pleur de tristesse. J'aurais voulu être comme quelques uns de ces auteurs intemporels Qui ont donné leur âme en donnant leurs vers Ceux qui voulaient révolutionner les lettres Moi qui voulait révolutionner ma vie... Et je tombe par-terre. Poètes déçus et réprimés, Tragédie lyrique ou romancées L'encre coule mais je ne pleure plus La page se tourne, malgré moi Mon coeur se vide La page s'empli Je me dis que ça ira... Ainsi Plume était. Rêveuse mais si petite dans son univers Que pouvait-elle écrire ? Lui menquait-il un corps ? Ce qui est certain c'est que la main de Pierre lui fut bien utile Pour dépasser le rêve Inachevé. Et entrer dans la vie réelle Concrétisée. Écrire enfin de vrais textes, Humanisés. Elle n'eut besoin que d'un porteur pour se réaliser : L'encre coule, ma plume s'envole Dans une ébauche pâle ou folle Une joie indicible quand la Plume se vide. Légère, elle décine et crayonne Flanne, fantasque elle virevolte Fugasse ou furieuse, Lente ou louvoyeuse Plume s'amuse et je la saisit. Ainsi nous sommes. De nos corps éperdus De nos âmes élevées Minéralement substile, ainsi harmonisés Il ne nous reste plus que nos vie à tracer. Pierre et Plume s'aiment, À deux, unit, complet, Le ravin s'est applanit Il n'y a plus à trembler. Et voilà l'heure Où roule sur la planne feuille Les dernières lignes, Si ce n'est d'une vie, D'un chapitre au moins : Pierre à Plume : 1er mai 1995 Toi l'écriture Sur ma page tu murmure Sur les murs de ma chambre Tu gribouille, enfant Qui sait encore s'étonner De la pomme qui tombe, Du ciel pastel. Enfant éternelle Corps vivant dans un esprit libre Sencible et un peu magique Dans la vie tu soulignes Ce qu'il y a d'intensément humain Comment ne pas t'aimer ? Toi qui lie tous les seins Toi qui sait dire tant de choses Qui plus que dans les mots Sait dire par tes silences Les secrets d'une âme close. Toi qui saisit tout En dépis même de celui qui t'entraine Toi qui éclaire tout Les écrivains malgré eux tu révèles Comment ne pas t'aimer ? Toi qui éveille, seul fait intemporel Sont les quelques écrits D'enfants de la poésie... Hors du temps, hors des heures Sont les grands littérateurs Laisse moi t'aimer un instant Pour croire que comme eux Homme et femme comme homme et page On est éternel à deux.
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