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lundi 30 janvier 2017

Les animaux en folie




Les
animaux en
folie


Un conte à vingt-quatre mains

au Centre Social de Pierre-Bénite,

Graine de Vie



Une histoire composée en décembre 2016 et illustrée en janvier 2017, grâce au temps après l’école et au soutien énergique des animateurs ;
Nos sincères remerciements à Amar, responsable du Pôle Jeunesse et à Grégory, Directeur de Graine de Vie pour leur bon accueil ;
Notre gratitude aux jeunes écrivains, pour leur générosité et leur vitalité :




  • Asma
  • Enès
  • Ilan
  • Inès
  • Lilya
  • Mehmet
  • Mohamed
  • Talaf
  • Yasmine
  • Sara
  • Djiane
  • Medhi


Chapitre I

Blanc comme un yaourt







Il était une fois un zèbre qui cuisinait en Algérie. Il s’appelait Zoulou. C’était un cuisinier pour les tigres, les lions et les jaguars, bref, pour les animaux qui mangeaient de la viande et qui n’aimaient pas les plats dégoûtants. Car ce qui est dégoûtant n’est pas bon pour les gens, c’est comme des épinards, oui, des épinards de mer !!! Lui, ce qu’il aimait le plus, c’était les œufs. Il allait les ramasser dans le poulailler, car vous savez, en Algérie, il y a des poules toutes blanches, blanches comme des œufs en neige. Et avec les œufs, on peut faire tout un tas de recettes : des œufs brouillés et des omelettes, des sauces liées et des œufs durs en salade, des gâteaux et des crèmes anglaises. Bref, je ne vais pas tout vous raconter mais ce qui est sûr, c’est qu’avec des œufs, on est sûr d’avoir du succès. Notre zèbre cuisinait et cuisinait tant et si bien qu’on aurait dit qu’il avait dix pattes. Et pourtant, comme un grand nombre d’animaux, c’était bien un zèbre à quatre pattes !
Voilà donc notre zèbre cuisinier qui servait ses repas à tous les fauves de France. Il était très connu pour ses talents extraordinaires et très demandé aussi. Il préparait à merveille les takos aux frites et au fromage, les kebabs à la paille, les pizzas-paëllas au chocolat, les spaghettis-tomate, et autres hamburgers-charchuras. Un beau jour, il lui arriva cependant une drôle d’histoire. C’était le jour où le lion allait partir en voyage sur son tapis volant. Le Roi des animaux en folie fêtait son départ pour la Côte d’Ivoire, la Cine et l’Italie. C’est pour cela qu’il avait réuni ses meilleurs amis et demandé à notre célèbre Zèbre de cuisiner. Zoulou avait préparé son fameux Tajine au poulet rôti et l’emportait fièrement à ses clients quand un des fauves de l’assemblée se leva et clama devant toute la tablée :
« Qu’y a-t-il dans ce plat ?
  • De la tomate, Messire le Tigre, trembla le pauvre cuisinier.
  • De la tomate ? Et encore ? renchérit le tigre.
  • De la coriandre et de l’harissa, sussura le zèbre en tremblant car il commençait à avoir un peu peur que son convive ne le dévore tout cru !
  • De l’harissa, ça va, rugit le fauve. Mais encore ?
  • De la bonne viande de poulet, continua Zoulou, de poules et de chapons …
  • Ha, ha ! Juste à l’odeur, je le sentais bien ! Mon nez ne m’a pas trompé. Alors, sachez, maître Cuisinier, que je ne mangerai rien de votre fameux mets !
  • Ah bon ? Et pourquoi donc ?
  • C’est comme ça, foi de Biaco !
Sur ces mots, le superbe animal se drapa dans son manteau et, d’un air royal, quitta la tablée stupéfaite. Toute l’assemblée en resta bouche bée. C’était un tigre blanc, nommé Biaco qui ne mangeait que du yaourt. « Miam, miam », disait-il en dégustant son dessert lacté, car il avait faim, comme les autres. Pourtant, il n’appréciait rien autant que le yaourt. De plus, il n’aimait pas la viande : il était devenu végétarien car les végétariens ne mangent pas de viande. Devant une belle escalope saignante, il disait  : « Berk ! S’il vous plait, donnez-moi du camembert à la place de ce steak ! » Il aimait bien le fromage et il détestait les saucisses. C’est pour ça qu’on le distinguait des autres tigres. Il avait aussi un drôle de métier ; il était collectionneur de colibris, ce qui est très rare. Il n’attrapait pas les petits oiseaux pour les manger, ah ça non, mais pour les relâcher dans un espace protégé. Il chassait toujours en fredonnant sa chanson préférée :
Biaco allait bien
Mais en chemin,
Il croisa le lapin
Qui lui bloqua le chemin
Pour sauver le colibri
Riquiqui !!!
Voilà donc sa chanson. Si jamais vous l’entendez fredonner, c’est que notre Tigre n’est pas loin !
Donc, tous les jours, il partait autour du monde pour accomplir sa mission. S’il croisait un colibri, il le protégeait ; s’il croisait un lapin, il le sauvait des autres tigres ; s’il croisait un moucheron, il lui épargnait la tapette. Vous savez maintenant qu’il avait vraiment un cœur d’or sous son beau pelage de neige ! Il mangeait le soir et dormait bien la nuit, pour être en forme le lendemain matin et c’est comme ça qu’il avait rencontré notre ami le zèbre et sa tablée de tigres. Grâce au yaourt et aux produits laitiers, il était devenu gentil, on pourrait même dire : « Doux comme un agneau ». Grâce au yaourt et aux produits laitiers, il était devenu plus blanc que ses compères. Il aimait cette couleur. Il était d’un blanc pur et éblouissant.
Ce soir-là, donc, il se leva de table avant même de commencer à manger. Notre ami cuisinier, Zoulou le Zèbre, se lança à sa poursuite. Comme les autres tigres lui avaient raconté l’histoire de Biaco, il était bien assuré de n’être pas mangé. Alors, il voulait le rattraper pour devenir son ami. En tant que zèbre, il avait lui aussi envie de voyager de par le monde. Il n’allait pas rester toute sa vie à cuisiner, quand même !










Chapitre II

Le centre social de Pierre-Bénite



Dans la petite ville de Pierre-Bénite, en plein cœur de la commune, il y a une petite maison jaune comme le soleil et pointue comme un hérisson. C’est là que les habitants peuvent venir lire, jouer, s’inscrire aux activités et surtout faire leurs devoirs. Car pour les enfants, c’est important, les devoirs. C’est en apprenant bien ses leçons qu’on devient plus grand et plus intelligent. Par exemple, c’est au centre social de Pierre-Bénite qu’on raconte l’histoire d’un petit garçon qui élevait des poules dans son jardin, jouait au football et surtout venait régulièrement travailler à l’aide aux devoirs du Centre Social. Ce petit garçon est vraiment devenu un exemple pour tous ses camarades de classe et de la cité des Hautes-Roches. Figurez-vous que, comme il posait toujours des questions aux animateurs et comme il répondait toujours aux questions de la maîtresse avec une grande application, il s’est mis à avoir de bonnes notes à l’école. Ses parents étaient fiers de lui et le laissèrent s’inscrire dans l’équipe de football de l’Union Sportive de Pierre-Bénite, l’USMPB section foot. Le soir, il allait jouer mais seulement après ses devoirs. Il réussit tellement bien qu’il devint un joueur mondialement connu. Mais il n’arrêta pas ses études pour autant. Il passa son bac pro, qu’il réussit du premier coup, et poursuivit ses études en plus de jouer au football. Ensuite, il participa à la construction du nouveau stade Bernabeu, et devint même pilote d’avion professionnel.
Tous ses succès étaient une chance pour la ville de Pierre-Bénite. Grâce à lui, on en parlait dans le monde entier comme de la plus belle ville de France ! De nombreux touristes se rendirent sur place pour visiter le Centre Social. Mais lui, le petit garçon né dans le quartier, resta fidèle à ses amis. Parmi les voyageurs qu’il embarquait dans son avion entre la France et la Thaïlande, il laissait toujours une place pour ses amis du Centre Social. On peut dire que c’est comme ça qu’il les fit monter à bord et tout le monde visita la Thaïlande et l’Australie avant de revenir en France. Cette histoire-là fait plaisir ; c’est pourquoi si vous allez à Graine de Vie, vous en entendrez sûrement parler.
Mais à l’aide aux devoirs, il n’y a pas que de futurs joueurs de football professionnels qui viennent travailler. Il y a aussi de drôles d’oiseaux. Par exemple, le petit cousin du phoenix, qui s’appelait FIFI. A vrai dire, Fifi venait d’Angleterre et il était complètement fou et difficile à gérer surtout. Ce n’était pas un très bon exemple. Mais quand même, il était très curieux et ce qui l’intéressait dans la vie, c’était d’apprendre des choses nouvelles et comme vous le savez sans doute, les oiseaux ne peuvent pas aller à l’école. Alors, il était obligé de venir picorer des graines de savoir au Centre Social. C’était le seul endroit où il était bien accueilli. Il faut dire que sa vie était assez compliquée. En tant que petit cousin du Phoenix, il se consumait sans cesse et redevenait vivant tout de suite après. Impossible de savoir sur quel pied danser avec lui ! Le lundi, il voyageait en sautant jusqu’au Maroc, puis sautillait en Algérie avant de revenir en France pour faire ses devoirs. Il mourait et il revivait le mardi en allant d’abord à l’aide aux devoirs en Angleterre puis à Pierre-Bénite. Il mourrait le soir et ressuscitait le lendemain. Le mercredi, il passait ses examens – D’ailleurs, c’est ainsi qu’il réussit son baccalauréat. Le jeudi, on ne le voyait pas et le vendredi, il fêtait son anniversaire. Il prétendait avoir au moins 100 ans mais personne ne savait s’il fallait le croire. Ce qui ne l’empêchait pas le samedi, de se remettre à sauter.
Comme vous le voyez, les profils des adhérents au Centre Social étaient très différents. Tout le monde vivait ensemble dans une bonne ambiance et en bonne entente. C’est là qu’est arrivé Gilou, un petit garçon très attachant. Lui, il adorait jouer aux cartes. Il connaissait plusieurs jeux et il gagnait tout le temps, surtout à UNO d’ailleurs. La règle est très simple. On distribue sept cartes à chaque joueur, le restant sert de pioche au milieu de la table. On retourne la première carte et le plus jeune commence. A son tour, chacun joue une de ses cartes selon un point commun : soit la couleur, soit la valeur. Par exemple, sur un 2 vert, on peut poser un 2 bleu, jaune ou rouge, ou même vert encore, car il y en a plusieurs, ou bien on peut jouer n’importe quelle carte verte. L’objectif est de se débarrasser de toutes ses cartes. Mais attention, en posant son avant-dernière carte, le joueur doit annoncer « Uno », sinon, un autre l’obligera à en piocher deux supplémentaires en criant : « ContrUno ! » Du coup, il faut bien faire attention à son propre jeu mais aussi à celui de tous les autres joueurs !
Gilou était très fort à ce jeu et son partenaire préféré était… un aigle ! Vous avez bien lu ! Un aigle qui jouait aux cartes. Il s’appelait Igor et il était assez terrible, en particulier son regard ; Quand il perdait, il vous jetait un regard noir à vous paralyser sur place. Mais Gilou n’avait pas peur. Surtout que la plupart du temps, c’était l’aigle qui l’emportait car il avait toutes les bonnes cartes. Alors Gilou n’avait pas trop de chances de gagner. Ce matin-là, la partie s’annonçait comme à l’habitude. Igor avait la meilleure carte : le 10 et Gilou avait une petite carte : le 6 ! Mais cette fois-ci, quand l’aigle a gagné, il l’a emporté tout là-haut dans le ciel, par-delà les montagnes, par-delà l’horizon et ils ont disparu tous les deux.




Chapitre III

un deux trois Quatre !



La disparition de Gilou fit grand bruit à Pierre-Bénite. Tout le Centre Social était sens dessus dessous, semant les questions aux quatre vents : « Mais comment est-ce possible ? Est-ce que quelqu’un a vu la partie ? Qui aurait pu savoir ? » Les mamans se lamentaient et gardaient leurs enfants enfermés à la maison, les papas se mettaient en colére et préparaient une expédition de recherche et la famille de Gilou passait à la télévision, aux informations locales, nationales et régionales pour lancer un avis de recherche de leur fils. On sait bien que les grands animaux mangent les petits animaux, c’est la loi de la nature. Mais manger les gens, ce n’est pas bien ! Toutes les polices se lancèrent à la chasse à l’aigle carnassier.
Pendant ce temps, Zoulou le Zèbre et Biaco le Tigre avaient fait connaissance et échangé leurs bonnes idées. Ils étaient même devenus tellement amis qu’ils décidèrent de partir en voyage autour du monde, tous les deux, pour continuer à cuisiner et à protéger les oiseaux de la Terre entière. C’est bien vrai qu’à deux, on est plus forts. Les voilà partis en direction de l’Italie.
A peine se sont-ils mis en route qu’ils aperçoivent au-dessus de leur tête un bolide, chargé d’un drôle de paquet qui descend en piqué pour un atterrissage un peu raté.
« Désolé, dit Igor, en aidant Gilou à se relever. J’ai un peu manqué ma décélération.
  • Pas grave, dit Gilou, en se remettant debout, je n’ai rien de cassé.
  • Saperlipopette, dit Zoulou, vous atterrissez souvent comme ça ?
  • Pour un oiseau de votre envergure, je connais une bonne école de pilotage », ajouta Biaco.
Nos quatre amis démarrèrent alors une grande conversation. Fifi et Gilou parlèrent de leur passion pour les jeux de cartes, Biaco raconta son métier de sauveteur de colibris végétarien et Zoulou organisa derechef une grande fête avec un beau repas, essentiellement composé de yaourt, de fruits et de légumes. Il imagina tout spécialement une pièce montée avec des petits choux à la crème en forme de petits oiseaux et deux cartes au sommet : un 10 et un 6.
Pendant quelques jours, ils rêvèrent de beaux projets. A quatre, ils pourraient s’entraider et réussir avec facilité tout ce qu’ils entreprendraient. Ils pourraient écrire un livre, jouer au football, voyager au Maroc, etc.
Zoulou réalisa son rêve le premier. Il avait décidé de partir autour du monde et de devenir un grand footballeur. Comme il était très fort comme gardien de but, il avait choisi l’équipe du Real de Madrid. Imaginez tout de même : si pour un cuisinier, ce n’est pas facile, pour un zèbre, c’est encore plus difficile ! Mais grâce à son calme, il se fit vite de nouveaux camarades à l’entraînement et il intégra rapidement une des neuf équipes du club, en disant :
« S’il vous plaît, intégrez-moi dans les seniors et vous ne serez pas déçus ! »
Vous n’avez jamais vu un zèbre jouer au foot, mais croyez-moi, Zoulou est le meilleur de tous !
Quant à Biaco, il choisit de monter sur scène. Il se mit à chanter du rap, avec sa belle voix grave qui le rendit célèbre. Ses concerts étaient remplis. Il avait tellement d’énergie qu’il sautait de scène dans les bras de ses fans. Mais chanter « Wesh alors ! Wesh alors ! Wesh alors ! Sors ta cross dans le quartier » finit par l’ennuyer. Et il rejoignit l’équipe des Galactiques de Madrid. Cristiano, Marcelo, Ramos, Navas : les meilleurs joueurs d’Espagne devinrent ses amis. Quand Biaco prenait le ballon, on était sûr qu’il y aurait de l’action. Qu’il y ait match nul ou encore 1-0 ou même un but d’avance, le public était toujours gagnant, tellement il appréciait les matchs où Biaco se donnait à fond. Et c’était la même chose pour Zoulou.
Et Gilou ? Et Igor, me direz-vous ? Quels étaient leurs projets ? Ont-ils réussi dans la vie ?
Pour le savoir, c’est facile, chers amis. Vous n’avez qu’à nous rendre visite au Centre Social Graine de Vie. C’est là qu’on vous racontera la suite de leurs aventures !


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