La Pierre & la plume - Kesaco ?

Articles les plus consultés

Articles les plus consultés

lundi 20 février 2017

Deuxième Rendez-vous à la résidence


(PREMIER RENDEZ-VOUS





Sans toute la technologie embarquée –internet, portable et j’en passe, 

on se contente de ce qu’on a. Si l’on habite Pierre-Bénite, on profite bien du fleuve : d’un côté le port et ses bateaux de pêche ; de l’autre côté, la plage. Vers 1950, les abords du Rhône ne sont pas aménagés comme maintenant. Il y a de la verdure, des sentiers, des chemins de halage aussi, avec les chevaux pour tirer les bateaux qui remontent le fleuve, et des plages de galets clairs et lisses. On bronze, on nage, on s’amuse à jeter des cailloux. On ne se jette pas la pierre, on fait des ricochets, une activité répandue sur les rives du Rhône qui, à force de rouler et de polir ses cailloux, les rend particulièrement propices au rebond. Il faut choisir un galet ovale, assez plat, régulier, qui tient bien en main. Tout est dans le geste ample et sûr. On lance au ras de l’eau en faisant un peu tourner sa pierre et on compte les rebonds éclaboussant la surface de l’eau : un… deux… trois, quatre et même cinq pour les plus habiles ou les plus chanceux . Et quand le soir, on se fait dévorer par les moustiques, ma foi, on humecte ses boutons avec sa salive et une fois à la maison, on se frictionne un peu au vinaigre blanc. C’est une belle époque, très liée avec la nature.


La Pierre de Pierre-Bénite était d’une autre taille. 

C’est elle qu’on expose aujourd’hui à côté de la mairie et qui a donné son nom à la ville. Les mariniers y attachaient leurs embarcations et les faisaient bénir pour qu’elles se tiennent bien dans les remous rhodaniens, à l’époque où le fleuve, sauvage et impétueux, n’était pas encore apprivoisé. Quand il a fallu trouver moyen de naviguer d’un seul coup du Lac Léman à la Méditerranée, on a construit le Canal de Jonage. D’ailleurs, la ville était encore toute jeune. C’est en 1869, sous Napoléon III, qu’on en a posé la première pierre justement, détachant un quartier entier d’Oullins qui commençait à prendre de l’ampleur. Le nom est venu tout naturellement, à partir du quartier. Remarquez tout de même son originalité. Pierre-Bénite est unique en France au contraire de Saint-Pierre qui apparaît dans de nombreuses contrées : Saint-Pierre de Chandieu, de Lapalu, de Rome, Saint-Pierre et Miquelon… Pourtant, on n’en parlait guère de la pierre. On avait bien d’autres choses en tête. Chacun vaquait à ses occupations, on passait beaucoup de temps dehors, à pied ou à vélo, c’est selon.



Mais enfin, notre gros caillou gris, poli par les flots n’est pas le seul exemple qu’on puisse trouver. 

Les jeunes filles rêvent souvent d’autres pierres, taillées, étincelantes, symboles de richesse et de pérennité. Elles les arborent fièrement au doigt, radieuses. Les bijoux parlent-ils de beauté, d’amours ou de fiançailles ? Messieurs, sachez qu’aux fleurs périssables, la femme que vous aimez préfèrera la bague bien plus durable, signe d’engagement. Puisque vous n’avez pas un cœur de pierre, laissez-vous tenter par la magie cristalline du monde minéral : rouges rubis, vertes émeraudes, Grenat de Perpignan à la transparence fascinante, saphirs roses, jaunes et bleus dans des tons surprenants. Et si vous craignez de vous ruiner, sachez Messieurs, que tout ce qui brille n’est pas de l’or. De splendides imitations rivalisent en éclat avec les gemmes traditionnelles. La boutique de pierres précieuses concurrence la bijouterie avec une fantaisie qu’on n’imagine pas. On dit même que les pierres ont des pouvoirs et influencent nos humeurs. L’ambre, c’est la sérénité sauf que certains caractères fonceurs sembleraient immunisés. Enfin, qui sait ? Sans les vibrations pacifiantes de cette pierre née de la Baltique, ç’aurait peut-être été encore pire ! Quoiqu’il en soit, ce moment magique du cadeau qu’on reçoit reste un souvenir impérissable et cher.


Fin du premier rendez-vous )

Pour vous le raconter, rien de tel que de vous embarquer dans notre histoire. 


Imaginez-vous au moment de monter à bord d’une immense embarcation telle que l’Hermès, une péniche touristique et lyonnaise de grande envergure. Et pour les marins d’eau douce, pas de risque de naufrage, oublions tout de suite le Titanic ! Sur l’Hermès, le doux roulis des vagues ne devient perceptible que lorsque l’on croise un autre bateau, mais ce n’est pas si fréquent que cela. Alors, laissons venir le crépuscule, et faisons d’une pierre deux coups : un repas gourmand et une belle croisière au milieu des lumières.

Les stations d’embarquement sont nombreuses : 

le long des quais du Rhône, à la Cité Internationale, dans le nouveau port de la Confluence ou près de la passerelle du Palais de Justice des vingt-quatre colonnes. Pendant que le personnel de bord, en uniforme bleu marine, s’affaire avec prestance au chargement et aux formalités d’appareillage, les bateaux touristiques, à l’amarrage, attendent sagement pour un tour ou pour une destination lointaine, vers le Danube ou la Méditerranée. Pendant que certaines péniches traversent tranquillement les frontières, d’autres s’en tiennent à quelques parcours de découverte, de jour ou de nuit, avec ou sans escale, entre les Monts d’Or, Lyon et Pierrelattes.

S’il ne gèle pas à pierre fendre, 

on a envie de se laisser bercer doucement sur les flots, en paressant au soleil dans le calme et le silence de la navigation. C’est assez inexplicable, mais une fois que l’on passe la passerelle, enjambe quelques cordages éventuels – rien de bien méchant, rassurez-vous- on se retrouve dans un autre temps, celui de la lenteur et du loisir, libre et détendus. Les croisières d’une heure ou d’une journée ressourcent et détendent tellement qu’on les passe souvent à rire en conversant gaîment.

Les passagers se retrouvent devant le ponton d’embarquement

 accueillis par une charmante stewardesse tout sourire, prête à aider chacune et chacun à quitter le « plancher des vaches », comme on dit. Pour finir, les mariniers déroulent la corde qui retient le bateau au quai, larguent les amarres et l’aventure commence toujours en douceur, au fil de l’eau. A bord, on se délecte du confort : en cabine, sur le pont ou dans la salle de restaurant, tout est pensé, étudié, mesuré pour accueillir les passagers dans les meilleures conditions possibles. C’est une parenthèse, un jour de rêve volé au quotidien, l’occasion de lézarder et de deviser en laissant ses pensées dériver elles aussi. On s’imagine Capitaine ou moussaillon, c’est selon et on se demande ce qu’il se passerait si tout le monde pouvait passer son permis de naviguer et s’acheter son petit plaisancier. Il y aurait certainement des embouteillages ! Mais pour l’instant, les Lyonnais sont trop pressés pour y songer et c’est tant mieux. La navigation sert toujours beaucoup au fret et les touristes continuent d’avoir toute latitude pour descendre les fleuves du Nord au sud et remonter leur courant du sud au nord.
http://www.lyoncityboat.com/croisiere-restaurant-lyon/diner-romantique

Ce pourrait être la route du paradis.

 Tout serait parfait s’il n’y avait ce passage sombre, oppressant, qu’on redoute mais auquel on ne peut échapper : l’écluse. C’est au sud de Pierre-Bénite qu’on a construit un barrage sur le Rhône. A hauteur de Feyzin, le bateau est stoppé par le grand portail du barrage. De lourdes portes se referment derrière lui, presque sans bruit compte-tenu des tonnes d’eau qui se déversent à chaque seconde. Une fois l’embarcation prisonnière, on actionne la pompe. Les murs, noirs, humides, lardés de pieux rouillés, se mettent à monter. Le soleil s’éloigne et le bateau plonge. Il ne coule pas, non, il reste au niveau de l’eau qui s’écoule de l’autre côté, vers le sud. Enfin, les portes d’en bas s’ouvrent à leur tour et la croisière reprend son cours, au soulagement général. Les plus optimistes se rassurent : « Mais voyons, il n’y a pas de risques ! » Ce n’est pas sans raison que l’on peut craindre une panne du mécanisme. Comment sortir alors, quand l’esquif est serré entre deux hautes murailles ? Et que faire si l’immense portail qui contient l’incroyable pression du fleuve qui va à la mer, venait à se fissurer puis se rompre ? De telles idées provoquent l’impatience du retour. Joie de partir et joie de revenir : les voyages en bateau sont toujours gagnants ! En revenant sur la terre ferme, on garde en souvenir le dépliant qui dessine le trajet et ses escales et la carte des menus, pour se souvenir de son copieux repas. Selon la saison, les talents et les goûts du cuisinier, on peut y découvrir des entrées traditionnelles :


La célèbre Salade lyonnaise, avec ses gésiers de volaille, ses lardons, ses croûtons, son œuf poché.


Le fameux Gâteau de foie de volaille, avec ses quenelles et sa sauce tomate.


La Friture croustillante, aux éperlans plongés dans l’huile et qu’on mange avec les doigts.

On enchaîne avec des plats gourmands :


Gratin dauphinois & rosbeef au four


Ballotins de haricots verts & rôti de veau


Après une pause fromage –plateau ou petit faisselle, de somptueux desserts :


Moelleux au chocolat, crème anglaise & glace à la vanille ;


Tarte à la praline


Crème renversée & crème brûlée


Œufs au lait

Après qu’on a débarrassé la table, le repas dure encore, le temps d’un « petit noir ». On digère, on rêve, on laisse couler la vie, on pose les premières pierres des châteaux en Espagne.



Et la prochaine fois ?


  1. Émotions : liste d’intensité

  2. Le plus

  3. Les plumes dans tout ça ? 

  4. Trouvons un titre.












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire